
Vivre au temps des catastrophes
"A l’heure où le quotidien du monde est balayé en un instant par des vents violents, où les villes sont submergées par des pluies torrentielles, où les habitations sont arrachées par des tremblements de terre, où les espaces habitables de certaines parties du monde deviennent compromis et sont marqués par les doux prénoms de Eleanor, Florence, Irma, Katrina, Sandy, Xynthia et bien d’autres. Derrière ces prénoms se comptabilisent 710 catastrophes naturelles en 2017, 608 en 2018, soit 1,7 milliards de citadins exposés chaque année.[...]L’humanité ne peut être passée à côté de la réalité climatique qui s’est abattu sur son quotidien.[…] Symbole de rupture, la catastrophe nous pousse à réfléchir à un nouveau point de départ. Faisons de ce déséquilibre une force d'action et d'adaptation dans un avenir climatiquement instable. Dans ce mémoire, Il ne s’agissait pas, de trouver la lumière dans l’obscurité mais de trouver un chemin qui tente simplement de décrire le régime d’incertitude dans lequel la société se trouve. en se basant sur la pensée du "catastrophisme" qui est un premier outil pour développer une réflexion vers des choses en actes. Etre catastrophiste c'est avoir une vision éclairée et lucide sur notre avenir en sortant d'un déni protecteur, pour tenter de se projeter au mieux dans des modes de vie flexibles. Cette démarche entre considération et sidération nous amène vers une capacité à nous réanimer.[...]
Vivre près des mers, des océans, des lacs, c’est être au plus près des éléments qui se déchainent. Les habitants vivent « avec » et « au rythme de » créant probablement une unité, un trait d’union entre l’eau et eux. C’est alors que cette union indissoluble est à la fois une expérience physique et psychique qui leur donne une pleine conscience de leur territoire. On ne dédramatise pas les catastrophes, on fait avec; on apprend pour mieux s’y préparer; on observe; on accepte la destruction possible; on possibilise l'inattendu. Cela oblige à se placer dans un processus de projet expérimental. L’expérimentation place les co-concepteurs en situation éphémère les obligeant à ne pas perdre la compréhension de leur territoire, tout en ayant aussi conscience des menaces probables. Cette façon de voir le projet nous plonge dans une temporalité inconnue. Il n’y a pas de plan fixe, il n’y a pas de créateur fixe, toute péripétie, rencontre, menace, peuvent être une variable qui bouleverse le projet.
L’architecture est pensée pour durer, mais de part notre avenir climatiquement instable, cette représentation est remise partiellement en cause. Cela nécessite d’arriver à une désacralisation de l’architecture qui n’est plus là pour faire monument. Le souci pour le concepteur n’est plus de faire un bel objet, emblème sur plusieurs siècles, mais d’accepter d’être en second plan comme simple constructeur et non comme unique créateur.[...]Si on considère que le rôle de l’architecte dans le projet est relayé au second plan, cela permet d’intégrer l’idée que la nature est une variable dans la vie de l’ouvrage. L’architecture ne doit plus être capable d’éloigner ou de bloquer la menace mais de l’absorber.
Pour conclure la catastrophe n’est plus vue comme une menace mais comme un moteur du projet, qui nous met en mouvement si l’on ne cède pas à l’angoisse.
[1] Statistiques issues de Planetoscope.com
[2] MAGDELAINE Christophe « changement climatique : des données alarmantes » notre-planete.info, publié le 04/10/2018.